![]() |
||||||
accueil |
billet |
philosophie |
sciences |
culture |
lectures |
liens |
![]() |
|||||
POPULISME, DEMAGOGieLe populisme, pendant de l’élitisme
Pris dans son sens réel, le populisme consiste à dénigrer les
élites pour mieux emporter l’adhésion du peuple. Pas très
éloignée
du
populisme, la
démagogie exploite les réactions des masses pour les
gouverner
plus facilement. Un ressort commun à ces deux attitudes est l’opposition
entre
élite et peuple.
Les
sociétés qui se veulent démocratiques
n’aiment pas voir
ressurgir cette opposition qu’elles croient avoir dépassée, et
portent donc un
jugement franchement négatif sur le populisme. Il faut pourtant
admettre que
même si elle le fait selon des procédures contrôlées et garantes d’une
certaine
justice, la démocratie représentative ne partage pas également le
pouvoir ou
les avantages. Elle secrète donc des
élites (on a parlé en France d’élitisme
républicain), dont la distance au peuple s’accroît avec la taille des
entités sociales,
alors que dans le même temps, l’accès à l’information et au savoir du
grand
nombre s’améliore. Par ailleurs, le respect des procédures
démocratiques
n’empêche pas certaines élites de fait, notamment économiques,
médiatiques ou
intellectuelles, de tirer un profit abusif de leur position dans la
compétition
pour les postes élevés, ou même de dévoyer franchement les institutions
pour
leur bien exclusif.Dans des sociétés de petite taille, cette tension peut s’autoréguler du fait des relations de proximité entre les différents acteurs sociaux, mais à l’échelle des états nations et des entités politiques plus larges, seules les procédures institutionnelles et le jeu des contre-pouvoirs peuvent tempérer la confiscation des pouvoirs par une minorité de moins en moins légitime dans sa représentativité. La possibilité pour les peuples de contester les élites est donc en fait une nécessité de la démocratie. Reste à savoir de qui elle émane réellement, comment elle est formulée et quels buts elle poursuit. C’est à ce propos que les commentateurs font la distinction entre une contestation supposée salutaire et responsable et une contestation grossière, simpliste, voire perverse désignée par ce terme de populisme. Ainsi, dans le contexte actuel de mondialisation, avec la soumission des gouvernements nationaux aux puissances financières, avec l’affaiblissement de l’ONU face aux Davos, aux G20 et autres sommets, cette nécessité de ranimer les contre pouvoirs est en pleine actualité. Il n’est donc pas étonnant que l’émergence de cette hyper élite mondiale ait pour pendant la recrudescence des populismes, qu’ils soient réels ou supposés. Les défenseurs du peuple sont ils tous populistes ?
On peut reprocher au populiste ou au démagogue ses arguments
simplistes, son manque de pédagogie, ses manoeuvres pour rallier
l’opinion
majoritaire sans chercher à l’éclairer. Le populisme ou la
démagogie sont
moralement condamnables parce qu’ils dénotent en réalité un mépris
implicite du
peuple supposé foncièrement ignorant et irrémédiablement fermé à la
pensée
élaborée des cercles élitistes.Dans les périodes d’interrogation politique ceux qui ont (ou veulent avoir) la charge de diriger la société doivent obtenir l’adhésion du plus grand nombre pour les changements souvent difficiles qui s’imposent. Il leur faut débattre de questions complexes dans un cadre démocratique en grande partie formaté par les impératifs médiatiques. On y échange donc des arguments raccourcis ou simplifiés car le rythme court et haché des médias ignore le temps de la pédagogie et interdit les nuances. On assène avec force des chiffres plus ou moins biaisés, on invoque des analogies simplistes, on cherche la formule qui frappe, et pour marquer sa différence on développe un manichéisme caricatural. Il ne faut donc pas s’étonner que dans ces arènes médiatiques l’accusation de populisme et de démagogie surgisse très souvent, mais l’inflation des procès en populisme devrait aussi nous rendre circonspects. En effet, si le véritable populisme est fréquent et mérite d’être dénoncé, dans de nombreux cas, ces arguments relèvent plutôt d’une tactique pour disqualifier un adversaire dont l’argument pertinent porte trop bien. Ainsi, faut-il toujours reprocher à ceux qui doivent leur place aux suffrages du peuple de montrer pour lui de la compréhension ou de s’exprimer de façon à être entendu par le grand nombre ? Dans ce cas, quand passe-t-on de la popularité au populisme ? où se trouve la limite entre pédagogie et démagogie ? Celui qui utilise de façon non sincère et en les sachant faux des arguments de l’opinion courante dans le simple but d’emporter l’adhésion est à l’évidence condamnable, mais peut-on dire pour autant que l’opinion courante soit toujours dans l’erreur, et que formuler de façon percutante une perception juste qui est dans toutes les têtes soit toujours du populisme ? Les élites de la démocratie enfermées dans leur petit monde ne sont-elles pas parfois moins clairvoyantes sur certains sujets que les gens ordinaires ? Débusquer le véritable populisme
Pour ne pas confondre populisme et popularité, démagogie et
pédagogie, il faut, sans regarder si l’idée émane de l’élite ou du
peuple,
apprendre à discerner le vrai du faux,
vérifier la cohérence et la conformité
au réel et bien juger de la sincérité des propos. Ni le peuple, ni
l’élite (ces
articles définis ont-ils un sens ?) n’ont par principe le monopole
de la
vérité ou de la raison. Si certaines questions peuvent par leur complexité
rester inaccessibles au plus grand nombre et doivent rester affaire
d’experts,
à l’inverse, certains spécialistes
peuvent parfois s’aveugler par manque de
recul, se perdre dans des sophismes et porter des jugements dévoyés par
leurs
intérêts trop spécifiques.Pour mieux juger, il importe aussi de savoir qui dénonce le populisme ou la démagogie, à quelle occasion, et contre qui est dirigé son propos. On peut souvent se demander si le mépris du peuple n’est pas parfois plus grand chez celui qui dénonce le populisme que chez celui qui en est taxé. Avant tout, lorsque les choses en sont là, il faudrait chercher à mieux éclairer le débat. Aucun courant de l’opinion n’est à priori exempt de populisme. Des écologistes qui agitent les peurs millénaires ou entretiennent sans l’éclairer la méfiance diffuse contre les effets sournois des inventions de la techno-science jouent à l’évidence sur des ressorts populistes, mais leurs adversaires le font également lorsqu’en retour, ils accusent les écologistes (ceux-là et tous les autres) d’être ennemis du Progrès, de vouloir retourner à la bougie et de promouvoir une civilisation de pénurie et d’austérité. Pour avancer dans ces questions il faut sortir des caricatures simplistes, prendre du temps pour débattre et tenir compte des complexités . Il ne faut pas renoncer à la possibilité, par des explications convenables et une bonne pédagogie, de permettre aux non initiés l’accès à ces complexités. C’est une faiblesse (parmi d’autres) du système démocratique et une grande difficulté que d’être sensible aux arguments de mauvaise foi, ou de pouvoir être gangrené par le populisme et la démagogie. L’opinion majoritaire ou le peuple (comme on voudra) ne s’éduquent pas aisément, notamment dans le contexte actuel de fonctionnement de l’information et surtout si les questions sont complexes. Cela suppose du temps et du savoir faire dans l’exposé des idées, et surtout cela suppose de la considération pour le public. Think-thimble http://antoine.li.free.fr |
![]() |
||||
Mots associésPensée, volonté collectives Individu - sociétéLe bien, le mal, la morale Récupération Décomplexé Aliénation Démocratisation Domestication, troupeau Tous dans le même bateau? Penser, agir au XXIe siècle vers liste alphabétique |
|||||
Liste des mots clésUnivers Planète Nature - vie Emergence EvolutionHomme Pensée Volonté et liberté Pensée, volonté collectives Individu - société Le bien, le mal, la morale Buts, finalités Bonheur Sagesse Harmonie, beauté Parfait Ennui Rationalité, Logique Science Complexité Analogie Métaphysique Dieu, religion Hasard Futur Progrès Modernité Nomadisme Utopie Extraterrestres Développement Progrès technique Energie Force, puissance Economie Affaires Intérêt Marché, marchandise Valeur Croissance Dette Compétition Performance Décomplexé Hédonisme Récupération Démocratisation Populisme Domestication, troupeau Aliénation Peur, précaution Confiance, optimisme Pragmatisme Opportunité Limites, illimité Barrières, cloisons Echelles, mesure Horizons Mécanique Vitesse, lenteur Frottements, freins Slip - stick Effet transistor Météorologie Immobilisme, changement Banc de poissons Mayonnaise Surimi Préfixes Suffixes Oxymores Durable Renouvelable Ecologie Ecologiste Empreinte écologique Décroissance Cycle Diversité Artifice Racines Jardin Produit Usine à gaz Déchets Sobriété Santé Drogue, addiction Obésité Crise Vérité, doute, certitude Tous dans le même bateau? Penser, agir au XXIe siècle |
|||||
auteur
|
|
haut de la page
|
retour à l'accueil
|
billets anciens
|
ancien site
|