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Vérité, Doute, Certitude

Dans notre époque en crise, on voit s’opposer des vérités contradictoires et s’installer le doute. L’action s’en trouve retardée (dans le doute, abstiens-toi), mais avec le temps qui passe, l’inquiétude augmente et cette inaction n’est plus admissible. Comment alors pour agir sortir des doutes et reconstituer des certitudes ? Comment discerner une (la) vérité dans tous ces débats contradictoires qui agitent nos sociétés ?

La question de la vérité est fondamentale en philosophie. Si l’idée de vérité n’a guère changé de sens, la manière de constituer la vérité a été fluctuante (notamment au fil des époques) selon qu’elle s’appuie sur l’évidence, sur le dogme ou sur la démonstration rationnelle. La vérité est-elle absolue, relative, voire même plurielle ou inexistante ? Ce problème ressurgit dans les débats, notamment en politique, ou sur des sujets polémiques comme la Shoah, le Darwinisme, ou le changement climatique. Au consensus établi s’opposent alors des « négationnistes », qui pourfendent le « dogme » de façon plus ou moins ouverte ou sournoise, sèment la confusion en insistant sur les incertitudes, et invoquent même la vertu scientifique du doute méthodique. Les médias peu enclins à prendre parti préfèrent exacerber le débat en offrant à ces minoritaires de l’opinion une grande visibilité. Certaines vérités pourtant solidement construites en viennent parfois à être notablement brouillées.

L’ouverture à la diversité des opinions est sans doute favorable au respect de chacun, mais il est cependant des choix collectifs qui ne peuvent se faire sans que soient établies quelques vérités très largement partagées. Cela avait été possible dans des sociétés de taille modérée qui pouvaient pour prospérer construire un relatif consensus, mais ce qui était vrai à l’échelle d’un petit groupe humain ou même d’une nation ne l’est plus nécessairement à l’échelle d’une humanité de plusieurs milliards d’individus. Pour affronter les enjeux de la mondialisation contemporaine, l’humanité doit aujourd’hui se reconstruire autour de quelques certitudes fondamentales reconnues par une très large majorité, des vérités acceptées par l’ensemble des peuples, indépendamment de leur diversité culturelle, de leur histoire ou de leur conception du monde, ce qu’on appellerait des vérités ou des valeurs universelles (en fait surtout terrestres).

Vérité et réalité

Dans son sens premier, qui n’a du reste pas beaucoup changé, la vérité est une opinion conforme au réel. Ce qui veut dire d’une part que la vérité est formulée par un humain, et d’autre part qu’elle se réfère à la réalité. C’est la source de  grands débats sur l’existence de la vérité:
 
En effet, doit-on croire à l’existence réelle de la vérité si elle est exprimée par un humain subjectif et sujet à l’erreur ? nos sens eux-mêmes ne nous trompent-ils pas sur la réalité ?
Bien des penseurs poussant cette logique jusqu’au sophisme, ont soutenu (en général sans y croire vraiment) qu’il se pouvait que le monde ne fût qu’une illusion. Sans aller jusque là, Descartes ne reconnaissait lui-même comme seule certitude première que celle de sa propre existence. Faudrait-il en déduire que sa mort aurait fait disparaître toute réalité, que toute vérité serait enfermée dans les limites d’une existence individuelle ?  On le voit tous ces raisonnements paradoxaux passent à côté d’une chose essentielle, c’est que si c’est en effet l’individu qui reconnaît à une proposition le statut de vérité, il est absurde de limiter cette vérité à l’individu, car aucun de nous ne vit seul. Nous élaborons dans notre esprit la vérité en la croisant avec celle des autres, contemporains ou auteurs passés, et la vérité, comme la conscience de la réalité ne sont pas une affaire individuelle mais une élaboration collective.

Ce qui fait l’existence objective du réel, c’est moins la perception qu’en a chacun de nous que le partage de cette perception avec les autres, autrement dit, l’objectivité du réel résulte de l’intersubjectivité. De même, la vérité qui se construit peu à peu émerge au fil des échanges que les hommes ont entre eux, elle est le fruit des discussions et débats sur les observations et leur interprétation, des controverses et des avancées de la connaissance. Ce point est fondamental.

Hume dans son Essai sur l’entendement humain a bien exploré cette question, avec l’idée non pas d’abolir toute vérité, mais bien d’en mesurer la solidité. Malheureusement, à son époque, le débat philosophique opposait l’idée d’une vérité absolue d’essence divine révélée par les écritures à la tentative de construire une vérité tout aussi absolue non par la religion, mais par la seule raison. Malgré la justesse des constats de Hume, on lui a donc fait un procès en relativisme, prétendant que sa conception menait à douter de tout et détruisait toute certitude. La lecture de Hume montre bien que s’il reconnaissait toujours une part minimale de doute, il admettait aussi des degrés variables de certitude permettant de faire le tri dans les idées et donc de fonder réellement une pensée rationnelle.

Vérité objective et connaissance scientifique

La vérité devant être conforme au réel, elle dépend de notre connaissance. Au fil de l’histoire, les hommes ont observé le monde et cherché à le comprendre avec des méthodes de plus en plus élaborées, ils sont peu à peu passés d’affirmations fondées sur des évidences observées ou sur des explications comprises par tous à la construction progressive de la connaissance rationnelle et scientifique. La méthode scientifique se fonde principalement sur la rigueur de raisonnement et la confrontation aux observations, et c’est ce minimalisme d’hypothèses qui lui confère un certain universalisme. Cela n'empêche pas l’explication scientifique de se voir par ailleurs contestée, notamment lorsqu'elle contredit les cosmogonies venues des religions et fortement ancrées dans la culture, s’opposant ainsi à l’autorité de pouvoirs établis. 

Une des grandes forces de la science vient de ses méthodes et en particulier des instruments d'observation et de mesure. Elle progresse d'ailleurs lorsque ces instruments s'améliorent. Le dispositif ou l'instrument d'observation (si on considère qu'il  n'engendre pas d'illusions) permet de faire partager à un grand nombre d'observateurs le même constat. Au lieu de l'estimation fluctuante du poids, de la longueur ou de la vitesse par les observateurs, les appareils proposent des mécaniques, supposées stables et neutres, qui donnent des observations plus nettes, des mesures plus claires, plus cohérentes, plus précises. Les photographies des astronomes substituent la sensibilité des récepteurs photosensibles à celle d'un oeil aux capacités limitées et sujet à la fatigue. 

Grâce à sa méthode, la démarche scientifique a pu apporter des certitudes incontestées pour la compréhension de  nombreux aspects du monde naturel: la loi de la gravitation, comme d’autres grandes lois physiques ou les fondements de la chimie sont ainsi universellement considérées comme vraies, l’explication scientifique du mouvement des astres ou même la théorie de l’évolution ne rencontrent que des oppositions très minoritaires.

Mais la science est encore prise en défaut si l’observation rigoureuse des objets est difficile, si les expériences sont impossibles à renouveler, ou dans le cas de phénomènes trop instables ou chaotiques. Si productive et convaincante qu’elle ait pu être, la science n’en est pas moins limitée par des horizons de connaissance. Tout ne peut pas être prédit, le passé ne peut pas être intégralement reconstitué dans ses moindres détails, certains objets lointains ou certains phénomènes extrêmes sont hors de la portée de nos observations.
Faut-il alors selon la doctrine positiviste renoncer à parler de vérité lorsque les questions ne sont plus accessibles à la méthode scientifique ? N’y aurait il aucune vérité dans toutes ces affaires humaines qui relèvent d’autres approches ? Doit-on renoncer aux certitudes pour les questions de morale, d’éthique, et de politique ? Sans échapper totalement à une part de description scientifique, ces questions ont aussi surtout pour base des concepts philosophiques, des données culturelles et historiques qu’on ne peut faire rentrer dans le champ de la science dure sans leur faire subir de graves distorsions (ainsi, l'artifice de l'homo oeconomicus rend-il assez douteuses certaines "vérités" économiques). Si la science est parvenue à mettre en évidence des lois de la Nature, il est bien plus difficile de définir des lois de l’Histoire, des lois de l’Art ou des lois de la Morale. L’attitude positiviste reviendrait à refuser de répondre à des interrogations « métaphysiques » fondamentales. Mais hors de la science, une réflexion documentée et argumentée, un débat ouvert et une confrontation raisonnée des idées peuvent néanmoins faire émerger des « vérités » philosophiques. En particulier, la question du sens que nous voulons donner à notre existence sur Terre et de notre responsabilité concernant le futur de l’humanité doivent trouver des réponses qui ne pourront pas relever exclusivement de l’approche scientifique.

Vérité subjective, opinion et jugement.

La vérité est-elle la dictature de la majorité ?

A côté des vérités générales issues d’une élaboration collective, il y a aussi des vérités plus immédiates qui relèvent de chaque individu. Ainsi la question du bonheur, celle du plaisir esthétique et du goût sont-elles fondées sur le ressenti de chacun. Chacun peut dire s’il est heureux, il sait si pour lui quelque chose est beau, cela ne relève que de son jugement sensible. A ce titre, l’individu est donc détenteur d’éléments de vérité. Mais il sera très difficile à partir de là de comparer et de synthétiser les appréciations des individus en lois générales, de faire des comparaisons et des arbitrages collectifs. Si rigoureux que soient les sondages et les indicateurs qui en découlent, ils ne font que mesurer la proportion des réponses (souvent formulées à l’avance) à des questions interprétées plus ou moins diversement par les sondés. Les sondeurs font souvent l’abus de présenter leurs résultats comme l’opinion moyenne d’une population. Ont-ils le droit d’amalgamer ainsi une multitude de jugements ou d’appréciations, fondés tantôt sur des croyances, sur des idées reçues, des intuitions plus ou moins informées, ou des raisonnements éclairés ? La volatilité du jugement subjectif et sensible devrait rendre prudent et relativiser le poids ou la généralité (quand ce n’est pas la véracité) qu’on prétend conférer à cette conception de l’opinion collective.

Dans ces domaines, les croyances ou convictions transmises par l’éducation ou insufflées par la propagande publicitaire ou politique sont trop déterminantes pour qu’on ose juger d’une vérité par l’état de l’opinion. La vérité n’est pas la dictature de l’opinion majoritaire. Elle n’est pas plus l’opinion isolée du contestataire, si convaincu soit-il. Elle peut être l’une ou l’autre, l’une et l’autre, ou ni l’une ni l’autre. Tout au plus l’adhésion d’une majorité très large traduit-elle une présomption de grande cohérence, susceptible de convaincre tout un chacun. Mais il s’en faut de loin que toutes les opinions majoritaires soient toujours des vérités bien construites. La raison bien articulée n’est hélas pas le seul moyen pour une idée de se propager largement. En particulier, les phénomènes de mimétisme qui trouvent leur origine dans la nécessité pour l’individu d’être socialement bien intégré, produisent parfois des aberrations. Une société tout entière peut ainsi se fourvoyer dans une vision fausse. Ainsi pour ne prendre que cet exemple, dans le monde de la finance est-il parfois plus payant de se tromper avec les autres que d’avoir raison tout seul. On est là dans ces phénomènes d’erreur collective que François Sigaut appelle aliénation culturelle.

La raison bien articulée n’est hélas pas le seul moyen pour une idée de se propager largement. La modernité rationnelle a construit et propagé de solides certitudes, mais elle nous lègue aussi un paradoxe: ces vérités ont au départ été des nouveautés dérangeantes et minoritaires, mais il ne faudrait pas en déduire que toute pensée contestataire soit nécessairement empreinte de vérité. La vérité est affaire de cohérence et non de nombre ou de nouveauté.


Sauf pour une minorité de résistants parfois virulents, le créationnisme est aujourd’hui reconnu comme erroné, mais il n’était pas plus vrai avant Darwin alors qu’il était majoritaire. Si le paradigme darwinien accède au rang de vérité, c’est par sa capacité à rendre compte de façon cohérente d’une multitude d’observations. La réalité de l’influence humaine sur le changement climatique n’est pas un dogme imposé  aux contestataires par une majorité de chercheurs « réchauffistes » manipulés par le GIEC. Elle résulte de la rigueur des observations, des analyses, et de la cohérence d’ensemble des résultats (quelques erreurs isolées ne ruinant pas tout ce travail, malgré les tempêtes médiatiques). Ceux qui de bonne ou de mauvaise foi s’opposent à cette théorie n’auront pas raison tant que leurs raisonnements s’appuieront sur des mesures partielles ou biaisées, voire sur des calculs erronés. L’avenir départagera, mais la probabilité en l’état actuel du dossier penche nettement « en faveur» du GIEC, à moins d’une réforme hautement surprenante des lois de la Nature jusqu’à présent solidement établies par la science. Dans leurs prévisions, les climatologues sont mis en difficulté non par la compréhension des phénomènes en jeu, mais par leur grande complexité et la multiplicité des données à intégrer. En quelques décennies d’étude intensive (pas moins), ils pensent avoir suffisamment débrouillé ce problème pour prendre la responsabilité d’alerter l’humanité.

Imperfections de la vérité

On le voit, si rigoureuse soit-elle, la méthode scientifique ne donne jamais une certitude totale puisque toute observation recèle une part d’incertitude et qu’il subsiste des lacunes théoriques. Le doute et l’éventualité de la réfutation font partie de la méthode et si abouties que soient les théories, elles sont ouvertes à la contestation et susceptibles d’évoluer pour gagner en précision, pour pénétrer plus avant dans la compréhension, ou pour intégrer des aspects non encore pris en compte. Il ne s’ensuit pas pour autant que le remplacement d’une théorie par une autre rende toujours totalement caduque la théorie précédente. La géométrie euclidienne n’est pas invalidée par l’invention des espaces courbes. Ce qu'on peut reprocher au géocentrisme ce n’est pas d’être faux, mais de ne pouvoir décrire le mouvement des astres qu’avec des équations bien plus complexes que le système mis au point par Copernic, Kepler, Galilée et surtout Newton. La physique relativiste d’Einstein ne rend pas radicalement fausse celle de Galilée, mais elle en restreint les conditions d’application.
La précision croissante des sciences d’observation de la Nature a donné consistance à la croyance en « la » vérité au sens absolu, notre progression dans l’exploration du réel suggérant l’existence d’une (unique) réalité objective, avec laquelle « la » vérité devrait coïncider. Mais si les sciences « dures » sont manifestement dans une telle voie, les sciences du vivant, plus complexes, ne donnent de cette vérité qu’une vision assez floue et marquée de zones d’ombres. C’est encore plus flagrant en matière de sciences humaines tributaires des mentalités, des cultures et de leur histoire, qui ne peuvent observer qu’au travers de lunettes déformantes et qui sont donc nécessairement vouées au relativisme.
La méthode scientifique appliquée aux affaires humaines est loin de produire des vérités aussi bien cernées, aussi solides que celles de la physique ou même des sciences du vivant. Les écoles de pensée en histoire, en sociologie, en économie, en psychologie (en même parfois en médecine) s’opposent, s’accusent de présupposés politiques ou philosophiques quand ce n’est pas d’intéressement. Ces disciplines n’apporteraient donc rien au dossier de la vérité ? Défendre cette idée, c’est s’en remettre aux seules sciences dures pour produire de l’universel. Mais l’universel « matérialiste » ainsi produit est loin de répondre aux interrogations humaines, et il est plus que douteux qu’il faille attendre des réponses de son approfondissement : ainsi lorsqu’on observe la quête actuelle de ces sciences, on peut se demander quelles leçons humaines on espère tirer de la physique des particules ou de la cosmologie.

Produite et pensée par les hommes, la vérité sera toujours incomplète, imparfaite. Mais cette imperfection (notable ou résiduelle selon les domaines de connaissance ou le sujet abordé) n’invalide pas nécessairement la réalité décrite et ne rend pas forcément vaine toute quête de la vérité. Il faut chercher la vérité tout en acceptant une part d’inconnaissable, puisque des horizons limitent nos observations, font obstacle à notre soif de précision ou embrouillent notre besoin de simplifier. Cet inconnaissable est certes une frustration pour notre curiosité, mais c’est aussi un champ ouvert au rêve (comme au cauchemar), et une réserve de découvertes inattendues. Sans interdire à notre esprit d’y vagabonder, on prendra garde à ne pas confondre ce qui tient à la connaissance solide et ce qui relève de la spéculation.

Croire que la vérité ne doive être que totale et parfaite, et assimiler indistinctement à l’ignorance toute vérité relative ou limitée relève de l’illusion naïve ou du nihilisme. Mêmes imparfaites, nos vérités nous sont utiles. Si notre avenir collectif en dépend, travaillons à les améliorer, à les rendre plus exactes, plus convaincantes et plus universelles, mais si cette question est indifférente, restons tolérants et apprenons à agir en fonction de vérités plus ou moins floues, temporaires ou multiples.

Peut-on dépasser le relativisme ?

On voit combien il est illusoire de vouloir toujours cerner parfaitement le réel et notamment en matière de société et de politique. On débat sans fin sur le « coût réel » de la santé, ou sur le risque « réel » d’une technique, par exemple. Ces limites à la connaissance objective ou si l’on préfère les « défauts d’universalité » de la plupart de telles vérités posent deux sortes de problèmes :

Le premier problème, c’est que l’ombre et le flou restants permettent aux polémiques et aux divergences de prospérer, les lacunes étant comblées par chacun de manière diverse, selon son intuition, son opinion et même ses intérêts. C’est un espace ouvert à toutes sortes d’affirmations sans fondement, et même parfois aux prophéties des pseudo-sciences dans lequel il devient difficile de départager entre spéculation risquée mais rationnelle, intuition empirique ancienne ou récente, croyance propagée dans les réseaux de la société, ésotérisme usurpateur de la science, et pur charlatanisme.

Le deuxième problème tient à ce que les histoires et les cultures différentes engendrent des jugements irréconciliables s’il n’y a pas d’évolution notable de chacune des parties concernées. Comment réconcilier l’appréhension du monde construite par les scientifiques avec celle héritée des traditions culturelles, religieuses ou philosophiques ? un neurophysiologiste, un paléoanthropologue, un psychanalyste, un économiste ou un théologien peuvent-ils partager certaines vérités sur « l’esprit humain » ou sur la place de l’homme dans le monde? Chacun au nom de sa culture revendique l’universalité, mais comment ne pas s’étonner que tant de philosophes prétendent penser correctement en avouant leur ignorance scientifique (ou même un mépris pour la science), ne se fondant que sur la culture des grands anciens en grande partie disqualifiée par l’évolution de la connaissance et du monde. Au temps de Démocrite, puis de Descartes ou de Leibnitz, science et philosophie se complétaient. Aujourd’hui, l’encyclopédisme est difficilement réalisable et la philosophie produite par les scientifiques, bien plus actuelle et bien moins hermétique que tant de textes déclarés incontournables, est souvent méconnue, mal comprise, voire ignorée des universitaires.

Pour orienter nos décisions face aux crises, il faut faire un bilan des progrès et dégâts de l’aventure humaine qui puisse être partagé par des historiens, des biologistes, des philosophes, des citoyens de toutes cultures. Pour cela nous avons besoin d’une science qui affine les certitudes et les vulgarise correctement sans prétendre imposer un dogme, d’une ouverture à la multiplicité des cultures millénaires ou émergentes, d’une histoire qui soit une mémoire exempte de culte ou d’idéologie, et d’une philosophie qui accepte de partager sans s’enfermer dans le fétichisme - fût-il érudit - des anciens.

Agir en fonction de vérités imparfaites

Comment une société d’individus dans le doute, ou dans des certitudes contradictoires peut-elle faire émerger sa propre vérité, ses propres certitudes? Que peut-elle décider sans avoir à attendre la constitution hypothétique et peut-être illusoire de certitudes absolues ? Comment gérer cette part inévitable d’incertitude ?

On commencera par distinguer le doute de l’incertitude. Le doute est déroutant, paralysant, l’incertitude incite à la prudence mais n’empêche pas d’agir. Dans l’incertitude, la société ne doit pas se laisser gagner par le doute généralisé et doit agir sur plusieurs plans : circonscrire le doute et débrouiller lucidement le certain de l’incertain, face aux incertitudes s’imposer une prudence proportionnée, continuer à progresser dans la marge autorisée par les savoirs reconnus, faire son possible pour améliorer les connaissances et y voir plus net. Jusqu’à un certain point il reste possible de naviguer à l’estime, dans le brouillard. Quand la visibilité baisse  ou lorsque les instruments de navigation s’affolent, un bateau ralentit, il mobilise son équipage pour renforcer la veille. En attendant que le brouillard se dissipe ou que son radar lui redonne une marge d’action, il se met surtout en état d’anticiper les manœuvres en cas de mauvaise rencontre.
 
Dans cette analogie trop simple, on oublie de dire que le brouillard n’est pas total. Si des incertitudes lourdes pèsent sur l’avenir de la civilisation sur Terre, nous avons aussi acquis d’importantes connaissances (certaines d’entre elles étant du reste à l’origine de nos alarmes)

Défions nous alors de la tentation de ne nous intéresser qu’aux choses qui nous paraissent sans incertitude. Si le brouillard oblige à la prudence, il n’impose pas la myopie. Nous savons, même confusément, à quelles échéances importantes nous sommes confrontés, alors même que nous en avons une appréhension très imparfaite. Ne les refusons pas, travaillons à améliorer nos connaissances et commençons à agir en fonction de ce que nous savons. Apprenons à voir où sont aujourd’hui les voies réelles de progrès, sachons distinguer entre poursuite du progrès et fuite en avant



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