![]() |
||||||
accueil |
billet |
philosophie |
sciences |
culture |
lectures |
liens |
![]() |
|||||
OxymoresFigure de rhétorique consistant à associer deux contraires, les oxymores sont souvent employés dans le domaine politique. Ils permettent en effet de satisfaire tout le monde, sans pour autant trancher les débats. Ils révèlent la schizophrénie de notre époque, tiraillée entre l'envie de poursuivre la logique de l'économie triomphante et la prise de conscience écologique. Présentés parfois comme une forme d’élégance de la pensée, les oxymores politiques confinent en réalité à l’escroquerie intellectuelle. Il est vrai aussi que ce genre de ruse sémantique a des vertus diplomatiques et peut parfois permettre de faire bouger les lignes. Dans un contexte de crise, ces contraires rassemblés dans des expressions paradoxales mais apparemment bien trouvées permettent de noyer le poisson, de retarder la décision, d’éviter le moment de trancher. Comme on dit, « il est urgent d’attendre ». Voici très brièvement commentés quelques-uns de ces oxymores visibles ou cachés, révélateurs des choix difficiles de notre époque. Développement durable
C’est le type même de l’expression
consensuelle, mais piégée,
l’idée de développement est au
fond assez
voisine
de celle de croissance
matérielle. Or dans notre monde fini,
celle ci ne peut
durer sans tendre vers zéro. Lorsqu’on cherche à trancher cette
question, on
bute sur l’ambiguïté du mot développement comme sur celle du mot durable. Le
malentendu (et le consensus flou) sont inhérents à cette expression.Croissance verte
C’est un oxymore véritable si on pense que ce qui est
« vert » est incompatible avec la croissance, donc si on
assimile la
doxa écologiste à la décroissance. Ce peut aussi être un
oxymore véritable si
on pense à habiller en vert une croissance dans la même logique que
celle
qui a prévalu dans les riches heures de l’industrialisation. Comme
développement durable, cette expression est un collage de
deux
mots à
connotation positive, typiquement dans la logique de tous ces slogans
politiques au contenu flou.Voiture propre
Si propre signifie non polluant pour la Nature tout au long du
cycle de vie, il n’y a pas de voiture propre. On peut juste espérer que
la
voiture en tant qu’objet industriel soit le moins sale possible, pour
sa
fabrication comme pour son usage et son recyclage, et que son utilité
soit bien
raisonnée dans le cadre de ce qui est supportable pour l’équilibre avec
une
nature en bonne santé. Si la voiture propre est un raccourci pour transport
individuel motorisé écologiquement correct, cela a un sens,
mais pour
l’instant, on en est surtout à réfléchir à des voitures « moins
sales » ce qui est déjà un progrès.Consomm-acteurs
Le consommateur est-il réellement un acteur? On peut en douter.
L’initiative pour proposer un produit,
pour en définir les caractéristiques et
le prix appartient au producteur. Certes, le marché
organise une interaction
entre le producteur et le consommateur mais dans le système
industriel actuel,
le consommateur est relativement passif ou tout au moins réduit à une
posture
réactive. C’est cette passivité, poussée à l’excès qui a fait
réagir les
mouvements de défense des consommateurs, et tente de faire émerger un
consommateur actif, décisionnaire dans le cycle production consommation.Ressources humaines
Sans être rigoureusement un oxymore, le rapprochement inattendu
de l’humain et de la ressource dans la novlangue économiste a un côté
paradoxal. Pour le dirigeant d’entreprise, les ressources, ce sont
normalement
des choses, des sommes d’argent, des minerais, des installations
techniques.
Inclure les hommes, les employés, le personnel dans cette catégorie
permet de
les dépersonnaliser, d’éviter d’avoir à penser leur gestion en termes
de morale, de faire prédominer la logique de
l'argent. Le
chef du personnel avait
affaire à des humains, le DRH soumet l’humain à la logique économique
de
l’entreprise. Pour lui, l’humain
devient de la matière première. On sait où
cela peut mener.Discrimination positive
La discrimination exclut, elle rejette. Elle est donc plutôt
négative. C’est une trouvaille de la politique d’avoir retourné ce
concept en
faisant cette fois-ci des distinctions pour promouvoir, pour réparer
des
injustices. A partir de là la discussion s’amorce pour savoir si la
justice y
trouve effectivement son compte (puisqu’on déroge au principe
d’égalité), ou si
ce privilège de réparation ne se retournera pas à son tour contre son
bénéficiaire.Démocratisation
du luxe
Sous cet habillage noble on suggère que le plus grand bonheur
est accessible à tous. C’est évidemment une expression mensongère, qui
a été
inventée pour entretenir la fièvre consommatoire en élargissant les
marchés. Le
luxe est par essence un privilège, et n’appartient donc qu’au petit
nombre.
Accessible à tous, il se dévalorise, puis engendre un phénomène
d’escalade. Au
moment où il nous faut retrouver une certaine sobriété, il devient évident que
l’idée d’un « luxe démocratique » peut conduire à bien des
gaspillages .Gagnant – gagnant
Paradoxe pour paradoxe, il n’est pas interdit de voir cette
expression comme un oxymore, car en face du gagnant, on attend plutôt un
perdant. Cette formule cherche à créer la surprise en soulignant que
les deux
parties qui entrent en jeu peuvent être gagnantes sans que la partie
adverse en
soit lésée. Les économistes adeptes de la « théorie de la
justice »
de Rawls, et après eux les politiciens ont une affection particulière
pour
cette recette magique censée convaincre tous les partenaires d’une
négociation,
d’une réforme, etc…En écologie, il y a aussi du gagnant-gagnant, lorsqu’on explique que la reconversion écologique sera génératrice d’emploi, engendrera un mieux-être avec moins de pollutions, plus de temps pour soi, une vie plus en rapport avec la Nature, etc… On insiste moins sur les regrets pour renoncer aux puissants moteurs qui suppléent à notre paresse, pour se passer de la magie des nombreux et futiles gadgets proposés par l’innovation industrielle ou pour abandonner le régime alimentaire trop riche et trop carné de la société postmoderne, etc…Toutes ces « merveilles » ne mènent pourtant pas nécessairement au bonheur qu’on nous fait miroiter et ce renoncement que nous préférons ne pas affronter n’est peut-être pas un sacrifice si inquiétant. Marché parfait,
concurrence parfaite
Cette
expression
paradoxale, inventée par les économistes modélisateurs confine aussi à
l'oxymore. Le marché,
institution on ne peut plus humaine et sociale a
nécessairement les "imperfections" de son humanité et il en est de même
pour les situations de concurrence.
Cet idéal qui permet aux théoriciens de se livrer à quelques
spéculations mathématiques poussées
finit pourtant par devenir une sorte de modèle politique. Lorsqu'il
s'agit de donner quelques règles aux opérations boursières, on peut
encore penser qu'il s'agit de l'intérêt collectif, mais lorsqu'on érige
en dogme la concurrence parfaite à l'échelle européenne ou même
mondiale, le décalage absurde entre la perfection du modèle et les
sociétés auxquelles on veut l'appliquer devient flagrant. Le comble du
libéralisme doctrinaire est atteint lorsque pour faciliter ces jeux de
concurrence, on facilite les mouvements financiers en faisant tomber
les barrières et en augmentant la fluidité de l'argent. Pour mesurer à quel point ces hypthèses sont irréelles, il suffit de constater qu'en général, on ne parle pas d'homme parfait (homo perfectus), ni de démocratie parfaite. L’économie sociale de marché
Comme ci-dessus, on peut considérer qu’il s’agit d’un oxymore
caché car pour
les économistes, le marché,
c’est la confrontation des égoïsmes,
donc plutôt le contraire du social. Au mieux, il s’agit d’un
compromis entre
des logiques opposées, celle de l’équilibre du laisser-faire et celle
de
l’harmonie par la régulation.
Comment politiquement trouver et maintenir cette improbable alliance des contraires?
L'économie virtuelleCette expression désigne les activités économiques réellement lucratives qui s'exercent sous forme prétendument dématérialisée grâce aux technologies de l'information et de la communication. Il estcertain qu'avec cette révolution technique dans la plupart des activités tertiaires, d'importantes économies ont été faites en matière de consommation de papier et d'encre, ou de transport postal. Mais il ne faut pas pour autant croire que la consommation matérielle a disparu: il semble d'après certains calculs que la consommation énergétique pour entretenir tous ces réseaux soit loin d'être négligeable, notamment pour fabriquer tous les appareils qui sont indispensables, et surtout pour refroidir les énormes serveurs informatiques qui gèrent la transmission des informations. Dans ce domaine une bonne part des économies dues au changement de système technique est perdue dans le gaspillage lié à l'abus démsuré de la commodité ainsi offerte.A cela, il faut ajouter que la richesse mise en jeu dans ces domaines de l'économie n'entend pas rester virtuelle bien longtemps, mais qu'elle espère bien se concrétiser, le plus souvent sous la forme de cette surconsommation qui mène l'humanité à l'impasse (ce qu'Hervé Kempf démontre bien dans son livre "Comment les riches détruisent la planète")
L’union dans la diversité, le changement dans la
continuité, etc…
Sans commentaire, car ces oxymores cousus de fil blanc sont des
pont-aux-ânes de la propagande électorale la plus creuse.Think-thimble http://antoine.li.free.fr |
![]() |
||||
Mots associésPensée, volonté collectivesImmobilisme, changement Récupération Complexité Développement Durable Marché, marchandise Surimi Vérité, doute, certitude vers liste alphabétique |
|||||
Liste des mots clésUnivers Planète Nature - vie Emergence EvolutionHomme Pensée Volonté et liberté Pensée, volonté collectives Individu - société Le bien, le mal, la morale Buts, finalités Bonheur Sagesse Harmonie, beauté Parfait Ennui Rationalité, Logique Science Complexité Analogie Métaphysique Dieu, religion Hasard Futur Progrès Modernité Nomadisme Utopie Extraterrestres Développement Progrès technique Energie Force, puissance Economie Affaires Intérêt Marché, marchandise Valeur Croissance Dette Compétition Performance Décomplexé Hédonisme Récupération Démocratisation Populisme Domestication, troupeau Aliénation Peur, précaution Confiance, optimisme Pragmatisme Opportunité Limites, illimité Barrières, cloisons Echelles, mesure Horizons Mécanique Vitesse, lenteur Frottements, freins Slip - stick Effet transistor Météorologie Immobilisme, changement Banc de poissons Mayonnaise Surimi Préfixes Suffixes Oxymores Durable Renouvelable Ecologie Ecologiste Empreinte écologique Décroissance Cycle Diversité Artifice Racines Jardin Produit Usine à gaz Déchets Sobriété Santé Drogue, addiction Obésité Crise Vérité, doute, certitude Tous dans le même bateau? Penser, agir au XXIe siècle ![]() |
|||||
auteur
|
|
haut de la page
|
retour à l'accueil
|
billets anciens
|
ancien site
|