La mécanique, c’est la branche de la
technique (et de la
science) qui s’intéresse au fonctionnement des machines. Elle est née
avec les
leviers, la roue, les treuils et les poulies, puis s’est prolongée avec
les perfectionnements
des moulins, des véhicules motorisés ou non, de l’horlogerie et des
automates.
Ses lois sont étonnamment accessibles
à notre entendement,
et les succès de la
mécanique sont à l’origine de la grande confiance
qu’on
accorde à la science.
La qualité de prévision
de la mécanique, ses nombreuses
applications techniques sont indéniables et on comprend que ce niveau
d’efficience
soit envié par les autres sciences.
A partir de la mécanique des solides
macroscopiques, on a pu
élaborer une mécanique des fluides (liquides ou gaz), et même faire des
liens
entre mécanique microscopique et mécanique
« ordinaire ».
La plupart des branches
scientifiques, mêmes celles qui
s’attachent à des objets complexes, sont passées par une phase
mécaniste, et
nous continuons de rêver à la maîtrise de bien des phénomènes par ce
mode de
compréhension. La médecine n’a pas entièrement renoncé à décrire le
corps comme
une machine, et il en est de même de la sociologie, de l’économie, et
de bien
d’autres encore. Le vocabulaire de la mécanique (forces, équilibres,
axe, frottements,
rouages, leviers, engrenages, courroies de transmission, etc….) envahit
celui
des autres disciplines, ce qui en dit long sur la référence que cette
science
constitue.
Malheureusement, si l’analogie
mécanique est utile à une
compréhension, elle passe bien souvent pas des simplifications dont
nous
oublions de mesurer les implications : imperfection de la
description,
contresens d’interprétation, perception biaisée des causalités, fausses
certitudes, etc…
En réalité, à partir du moment où un objet d’étude atteint un certain degré de complexité, sa description en termes de mécanique devient de plus en plus simplificatrice. La cybernétique tente de franchir cet obstacle en remplaçant le modèle de la machine rudimentaire par celui du robot à régulations multiples. Si l’assimilation des objets vivants ou des écosystèmes à ce genre de mécanismes reste encore simplificatrice, il faut aussi remarquer que la cybernétique fait émerger une science des systèmes capable de mieux alimenter la pensée du complexe. La simplification est nécessaire (en sciences, on parle de modélisation) pour appréhender un problème. Il faut cependant qu’elle ne trahisse pas trop l’objet d’origine pour que les connaissances qu’on en retire puissent avoir une certaine validité.